ANOUAR1991 مشرف أو عضو ضروري و مهم
عدد الرسائل : 634 العمر : 33 Localisation : saada نقاط : 10 السٌّمعَة : 0 تاريخ التسجيل : 12/04/2007
| موضوع: continu السبت 14 أبريل - 11:33 | |
| Structure de la pièce : Anouilh a repris le cadre général de la pièce de Sophocle. Le rideau s'ouvre au petit matin sur la ville de Thèbes, juste après la proclamation du décret de Créon, au sujet duquel Antigone s'oppose à sa sœur Ismène. Créon apprend d'un garde que le corps de Polynice a reçu les hommages funèbres, puis voit Antigone amenée devant lui et la condamne à mort. Hémon vient supplier son père, sans succès et s'enfuit. Antigone fait une dernière apparition, puis marche vers la mort. Un messager apporte sur scène la nouvelle du suicide d'Hémon, puis de la reine. Le rideau tombe sur Créon, qui reste seul sur une scène dévastée. Le texte d'Anouilh se présente comme une suite ininterrompue de répliques, sans aucune des divisions formelles qui font la tradition du théâtre français. Sans acte, sans scène, Antigone se veut dans sa présentation le récit continu d'une journée où se joue le destin de l'héroïne. Anouilh ne se propose toutefois pas de révolutionner l'écriture théâtrale, et l'absence de divisions n'est qu'affaire de forme. La pièce se déroule de façon classique, rhytmée par les entrées et les sorties des personnages, qui permettent de restituer l'architecture traditionnelle des scènes et de proposer la numérotation suivante :
Pages
Scène
Personnages
9-13
1 Le Prologue
13-20
2 Antigone, la Nourrice
21
3 Antigone, la Nourrice, Ismène
22-31
4 Antigone, Ismène
31-36
5 Antigone, la Nourrice
37-44
6 Antigone, Hémon
45-46
7 Antigone, Ismène
46-53
8 Créon, le Garde
53-55
9 Le Chœur
55-60
10 Antigone, le Garde, le Deuxième Garde, le Troisième Garde
60-64
11 Antigone, les Gardes, Créon
64-97
12 Antigone, Créon
97-99
13 Antigone, Créon, Ismène
99-100
14 Créon, le Chœur
100-105
15 Créon, le Chœur, Hémon
105-106
16 Créon, le Chœur
106
17 Créon, le Chœur, Antigone, les Gardes
106-117
18 Antigone, le Garde
117-119
19 Le Chœur, le Messager
119-122
20 Le Chœur, Créon, le Page
122-123
21 Le Chœur, les Gardes Les personnages de la pièce Les relations entre personnages sont en partie imposées par le modèle de Sophocle et la mythologie. Les liens de parenté ne sont aucunement modifiés, et l'on retrouve le traditionnel tableau de famille des Labdacides. Antigone :
Personnage central de la pièce dont elle porte le nom, Antigone est opposée dès les premières minutes à sa sœur Ismène, dont elle représente le négatif. "la petite maigre", "la maigre jeune fille moiraude et renfermée" (p. 9), elle est l'antithèse de la jeune héroïne, l'ingénue, dont "la blonde, la belle, l'heureuse Ismène" est au contraire l'archétype. Comme Eurydice, comme Jeanne d'Arc dans L'Alouette, elle a un physique garçonnier, sans apprêts : elle aime le gris : "C'était beau. Tout était gris", "monde sans couleurs", "La Nourrice (...) Combien de fois je me suis dit : "Mon Dieu, cette petite, elle n'est pas assez coquette ! Toujours avec la même robe et mal peignée", Antigone le dit elle même : "je suis noire et maigre". Opiniâtre, secrète, elle n'a aucun des charmes dont sa sœur dispose à foison : elle est "hypocrite", a un "sale caractère", c'est "la sale bête, l'entêtée, la mauvaise". Malgré cela, c'est elle qui séduit Hémon : elle n'est pas dénuée de sensualité, comme le prouve sa scène face à son fiancé, ni de sensibilité, dont elle fait preuve dans son dialogue avec la Nourrice. Face à Ismène, Antigone se distingue au physique comme au moral, et peut exercer une véritable fascination : Ismène lui dit : "Pas belle comme nous, mais autrement. Tu sais bien que c'est sur toi que se retournent les petits voyous dans la rue ; que c'est toi que les petites filles regardent passer, soudain muettes sans pouvoir te quitter des yeux jusqu'à ce que tu aies tourné le coin." (pages 29-30) Comme le basilic des légendes, dont le regard est mortel, Antigone pétrifie et stupéfait, car elle est autre. Son caractère reçoit cette même marque d'étrangeté qui a séduit Hémon et qui manque à Ismène, ce que Créon appelle son orgueil. Quelque chose en elle la pousse à aller toujours plus loin que les autres, à ne pas se contenter de ce qu'elle a sous la main : "Qu'est-ce que vous voulez que cela me fasse, à moi, votre politique, votre nécessité, vos pauvres histoires ? Moi, je peux encore dire "non" encore à tout ce que je n'aime pas et je suis seule juge." (p. 78) Cette volonté farouche n'est pas tout à fait du courage, comme le dit Antigone elle-même (p. 28) ; elle est une force d'un autre ordre qui échappe à la compréhension des autres. Ismène :
Elle "bavarde et rit", "la blonde, la belle" Ismène, elle possède le "goût de la danse et des jeux [...] du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi", elle est "bien plus belle qu'Antigone", est "éblouissante", avec "ses bouclettes et ses rubans", "Ismène est rose et dorée comme un fruit". "sa sœur" possède une qualité indomptable qui lui manque : elle n'a pas cette force surhumaine. Même son pathétique sursaut à la fin de la pièce n'est pas à la hauteur de la tension qu'exerce Antigone sur elle-même : "Antigone, pardon ! Antigone, tu vois, je viens, j'ai du courage. J'irai maintenant avec toi. [...] Si vous la faites mourir, il faudra me faire mourir avec elle ! [...] Je ne peux pas vivre si tu meurs, je ne veux pas rester sans toi !" (pages 97-98). C'est sa faiblesse même, et non sa volonté, qui la pousse à s'offrir à la mort. Antigone le voit bien, et la rudoie avec mépris : "Ah ! non. Pas maintenant. Pas toi ! C'est moi, c'est moi seule. Tu ne te figures pas que tu vas venir mourir avec moi maintenant. Ce serait trop facile ! [...] Tu as choisi la vie et moi la mort. Laisse-moi maintenant avec tes jérémiades." (page 98) Les deux rôles féminins de la pièce sont diamétralement opposés. Ismène est une jolie poupée que les événements dépassent. Antigone au contraire est caractéristique des premières héroïnes d'Anouilh : elle est une garçonne qui dirige, mène et vit son rôle jusqu'au bout. Créon :
"son oncle, qui est le roi", "il a des rides, il est fatigué", "Avant, du temps d'Œdipe, quand il n'était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes". C'est un souverain de raccroc, tout le contraire d'un ambitieux. Besogneux et consciencieux, il se soumet à sa tâche comme à un travail journalier, et n'est pas si différent des gardes qu'il commande. "Thèbes a droit maintenant à un prince sans histoire. Moi, je m'appelle seulement Créon, Dieu merci. J'ai mes deux pieds sur terre, mes deux mains enfoncées dans mes poches, et, puisque je suis roi, j'ai résolu, avec moins d'ambition que ton père, de m'employer tout simplement à rendre l'ordre de ce monde un peu moins absurde, si c'est possible." (pages 68 et 69) Au nom du bon sens et de la simplicité, Créon se voit comme un tâcheron, un "ouvrier" du pouvoir (page 11). Il revendique le manque d'originalité et d'audace de sa vision, et plaide avec confiance pour la régularité et la banalité de l'existence. Sa tâche n'est pas facile, mais il en porte le fardeau avec résignation. Personnage vieilli, usé, il se distingue par sa volonté d'accommodement ; mais il avoue aussi avoir entretenu d'autres idéaux : "J'écoutais du fond du temps un petit Créon maigre et pâle comme toi et qui ne pensait qu'à tout donner lui aussi..." (page 91). Créon se considère lui-même comme une Antigone qui n'aurait pas rencontré son destin, une Antigone qui aurait survécu. Les gardes :
Ce sont " trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes", "ce ne sont pas de mauvais bougres", "ils sentent l'ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination". Ces gardes représentent une version brutale et vulgaire de Créon. Leur langage sans raffinement, leur petitesse de vue en font des personnages peu sympathiques, dont les rares bons mouvements ne suffisent pas à cacher la peur de la hiérarchie ("Pas d'histoires !" revient souvent dans leur bouche). Sans être totalement réduits à l'état de machines, ils sont essentiellement un instrument du pouvoir de Créon, et rien de plus : "Le Garde : S'il fallait écouter les gens, s'il fallait essayer de comprendre, on serait propres." (p. 55) Leur soumission à Créon n'est pas établie sur la base d'une fidélité personnelle. Ils sont des auxiliaires de la justice, respectueux du pouvoir en place, et ce quel que soit celui qui occupe le pouvoir. Le Prologue indique bien que rien ne leur interdirait de se retourner contre Créon, si celui-ci était déchu : "Pour le moment, jusqu'à ce qu'un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l'arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon." (p. 12) Sans états d'âme, ils passent au travers de la tragédie sans rien comprendre, et le rideau tombe sur eux, comme il tombe dans Médée sur un garde et la Nourrice, après le suicide de Médée et le meurtre de ses enfants :
"Le Garde On a fauché la semaine dernière. On va rentrer demain ou après-demain si le temps se maintient. La Nourrice La récolte sera bonne chez vous ? Le Garde Faut pas se plaindre. Il y aura encore du pain pour tout le monde cette année-ci.Le rideau est tombé pendant qu'ils parlaient." C'est à travers eux que se manifeste le plus clairement le pessimisme aristocratique d'Anouilh. Hémon :
Le "jeune homme", "fiancé d'Antigone", est le fils de Créon, c'est un personnage secondaire qui n'apparaît qu'en deux occasions, soumis à Antigone et révolté contre Créon ; ses propos sont courts et simples ("Oui, Antigone."), ou témoignent d'une naïveté encore enfantine. La peur de grandir se résume chez lui à l'angoisse de se retrouver seul, de regarder les choses en face : "Père, ce n'est pas vrai ! Ce n'est pas toi, ce n'est pas aujourd'hui ! Nous ne sommes pas tous les deux au pied de ce mur où il faut seulement dire oui. Tu es encore puissant, toi, comme lorsque j'étais petit. Ah ! Je t'en supplie, père, que je t'admire, que je t'admire encore ! Je suis trop seul et le monde est trop nu si je ne peux plus t'admirer." (p. 104) Fiancé amoureux, enfant révolté, il est par son caractère davantage proche d'Ismène, à qui le Prologue l'associe, que d'Antigone. Eurydice :
C'est "la vieille dame qui tricote", la "femme de Créon", "elle est bonne, digne, aimante", mais "Elle ne lui est d'aucun secours"
Le Page
Accompagnant Créon dans plusieurs scènes, il représente l'innocence émouvante, l'enfant qui voit tout et ne comprend rien, qui n'est pour l'instant d'aucune aide, mais qui, à son tout, un jour, pourrait bien devenir Créon ou Antigone.
"Créon Ce qu'il faudrait, c'est ne jamais savoir. Il te tarde d'être grand, toi ? Le Page Oh oui, Monsieur !" (p.122)
La Nourrice :
Personnage traditionnel du théâtre grec, mais inexistant dans la pièce de Sophocle, elle a été créée par Anouilh pour donner une assise familière à la pièce, et davantage montrer l'étrangeté du monde tragique. Avec elle, ni drame ni tragédie, juste une scène de la vie courante, où la vieille femme, affectueuse et grondante, est une "nounou" rassurante, qui ne comprend rien à sa protégée : "Tu te moques de moi, alors ? Tu vois, je suis trop vieille. Tu étais ma préférée, malgré ton sale caractère." (p. 20). Elle "a élevé les deux petites".
Le Messager :
C'est un "garçon pâle [...] solitaire". Autre personnage typique du théâtre grec, il apparaît dans la pièce de Sophocle. Il se borne à être la voix du malheur, celui qui annonce avec un luxe de détails la mort d'Hémon. Dans le récit du Prologue, il projette une ombre menaçante : "C'est lui qui viendra annoncer la mort d'Hémon tout à l'heure. C'est pour cela qu'il n'a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà..." (p. 12)
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